Working Paper

Actes du premier atelier sur la diversité génétique du fonio (Digitaria exilis Stapf.) en Afrique de l'Ouest, Conakry, Guinée, 4-6 août 1998

Depuis plusieurs millénaires, les populations locales Ouest-Africaines ont entretenu et exploité diverses ressources génétiques qui leurs assurent les principales fonctions vitales. Des légumineuses, des céréales et autres ressources alimentaires ont été domestiquées, cultivées et adaptées aux conditions adverses de l'environnement, pour assurer leur subsistance. Seules détentrices des pratiques endogènes ayant abouti à la domestication de ces ressources, les populations locales collectent, exploitent et renouvellement le potentiel génétique des cultivars locaux dont elles tirent énergies, diverses protéines, vitamines, sels minéraux et médicaments. Parmi toutes ces cultures jalousement entretenues par les agriculteurs, le fonio, (Digitaria spp.) probablement la plus vieille céréale africaine, prend une importance particulière du fait du prestige qu'il procure à l'agriculteur. Aliment essentiellement énergétique, le fonio contient une importante teneur en méthionine qui le valorise par rapport aux autres céréales ordinaires telles que le riz et le maïs. Il contient des suppléments vitaminiques et des minéraux essentiels pour les fonctions métaboliques de l'organisme. Outre ces qualités nutritives, la place occupée par le fonio dans les valeurs culturelles Ouest-africaines conduit certaines populations à le considérer comme la culture du roi. Il est servi aux hôtes de marque et est consommé préférentiellement lors des noces. Cette culture, qui supporte les conditions les plus arides, se trouve concentrée sur des terres marginales peu propices à l'agriculture où la pluviométrie dépasse rarement les 1000 mm. Le fonio est une céréale millénaire, l'une des plus anciennes connues dans la région Ouest Africaine. Son aire d'expansion est assez large. En Afrique, il participe à l'alimentation de plusieurs millions d'hommes notamment dans les zones climatiques guinéenne et guinéosoudanienne recevant 500 à 1000 mm de pluie. Les pays Ouest-Africaines en concertation avec les institutions internationales spécialisées en la matière doivent régulièrement assembler, évaluer et échanger des informations et des expériences sur la conservation et l'utilisation durable des ressources phytogénétiques. L'intégration des activités de conservation et l'utilisation de plus en plus maîtrisée des Ressources Phytogénétiques doit conduire à la satisfaction du besoin le plus essentiel de l'humanité qui est de se nourrir. Ce faisant, nos populations connaîtront de meilleures conditions de vie dans un environnement plus sécurisé. Mais pour y parvenir, il est nécessaire encore une fois que nous conjuguions nos efforts pour assurer la base d'un développement durable et prospère pour tous.