De la prise de conscience à l'action : Évaluation sociale des options de mitigation du changement climatique dans l'élevage laitier kényan
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Au Kenya, où l'élevage laitier à petite échelle est une partie vitale de l'économie, les agriculteur.rice.s font face à des défis croissants dus à l'augmentation des températures, aux changements des modèles de précipitations et à la dégradation des pâturages. Ces risques climatiques affectent la productivité, rendant crucial pour les agriculteur.rice.s l'adoption de stratégies qui atténuent ces effets. Une étude récente menée par l'Initiative Élevage et Climat (L&C) du CGIAR a permis de mieux comprendre comment les agriculteur.rice.s laitier.ère.s kényan.e.s perçoivent et sont prêt.e.s à adopter des stratégies de mitigation du changement climatique.
Le changement climatique représente une menace significative pour le secteur agricole à l'échelle mondiale, l'industrie de l'élevage étant un acteur clé à la fois contributeur et victime des impacts du changement climatique.
Une étude récente menée par L&C a offert un aperçu détaillé de la façon dont les agriculteur.rice.s laitier.ère.s kényan.e.s perçoivent et sont prêt.e.s à adopter des stratégies de mitigation du changement climatique. La recherche se concentre sur l'évaluation sociale de ces stratégies, spécifiquement dans les comtés de Nandi et Uasin Gishu, où 46 agriculteur.rice.s laitier.ère.s ont participé à une expérience d'évaluation sociale. L'objectif était d'évaluer leur connaissance du changement climatique, comment ils.elles perçoivent ses risques, et leur volonté de mettre en œuvre des mesures de mitigation.
Qu'est-ce que l'évaluation sociale ?
L'évaluation sociale est un concept qui nous aide à comprendre comment les individus perçoivent et se rapportent à certaines pratiques ou interventions. Pour cette étude, elle s'est concentrée sur trois composantes :

En évaluant ces composantes, les chercheur.e.s ont pu développer un indicateur de valeur sociale qui offre une image plus claire des obstacles et des opportunités auxquels les agriculteur.rice.s sont confronté.e.s pour adopter des stratégies intelligentes face au climat.
Principales conclusions de l'étude
Stratégies d'atténuation privilégiées
Lorsqu'il s'agissait de choisir des stratégies d'atténuation du changement climatique, les agriculteur.rice.s laitier.ère.s kényan.e.s ont montré une nette préférence pour les approches qui offriraient à la fois des gains de productivité et des avantages environnementaux. La stratégie la plus populaire, privilégiée par 58,7 % des agriculteur.rice.s, impliquait l'adoption d'hybrides d'Urochloa combinée à des pratiques de gestion des troupeaux, telles que l'élimination des animaux mâles. Cette combinaison était particulièrement attrayante car elle promettait d'améliorer la production laitière et d'augmenter le revenu global de la ferme. En revanche, des stratégies comme la gestion du fumier ont suscité beaucoup moins d'intérêt, avec seulement 8,7 % des agriculteur.rice.s exprimant leur volonté d'adopter cette pratique. Ces préférences suggèrent que les agriculteur.rice.s sont plus enclins à adopter des stratégies d'atténuation qui non seulement répondent au changement climatique mais améliorent également la durabilité économique de leurs opérations. Cette perception est cruciale pour concevoir des interventions efficaces qui sont alignées avec les priorités des agriculteur.rice.s, augmentant finalement la probabilité d'une adoption réussie et favorisant la résilience climatique à long terme.
La nécessité d'un soutien et d'un renforcement des capacités
Les résultats de cette étude soulignent l'importance du soutien pour permettre aux agriculteur.rice.s de passer à l'action. Bien qu'iels soient conscient.e.s du changement climatique et de ses impacts, leur capacité à mettre en œuvre des stratégies efficaces est limitée par des contraintes de ressources. Ainsi, il est crucial de renforcer les capacités des agriculteur.rice.s par le biais de formations, de l'accès au financement et de la diffusion de technologies. Les agriculteur.rice.s ont besoin non seulement de connaissances, mais aussi des outils et ressources pour appliquer ces connaissances de manière significative.
Les organismes gouvernementaux, les institutions de recherche, les ONG et les coopératives jouent tous un rôle essentiel dans le soutien aux agriculteur.rice.s en fournissant l'infrastructure nécessaire, le soutien financier et les programmes de formation qui peuvent aider à surmonter ces obstacles.
Aller de l'avant
Les résultats de l'étude mettent en lumière la nécessité d'une collaboration multi-acteurs pour garantir que les agriculteur.rice.s aient accès aux informations, ressources et systèmes de soutien nécessaires pour adopter des pratiques agricoles intelligentes face au climat. Les gouvernements, les ONG et autres parties prenantes doivent travailler ensemble pour concevoir des interventions à la fois pratiques et accessibles. En alignant ces interventions avec les préférences et les capacités des agriculteur.rice.s, l'adoption de stratégies d'atténuation du changement climatique peut être étendue, contribuant à un secteur de l'élevage laitier plus durable et résilient au Kenya.

Le chercheur Fernando Florez réalise une enquête auprès des agriculteur.rice.s laitier.ère.s kényan.e.s sur l'adoption de semences de pâturage hybrides et améliorées. Crédit : CIAT
En conclusion, cette recherche souligne le rôle crucial de l'évaluation sociale dans la formation de l'avenir de l'élevage laitier au Kenya. Elle met en lumière l'interaction complexe entre les connaissances des agriculteur.rice.s, leur perception des risques climatiques et leur volonté d'agir. Avec le soutien et les interventions appropriés, les agriculteur.rice.s laitier.ère.s kényan.e.s peuvent être habilité.e.s à jouer un rôle actif dans l'atténuation du changement climatique tout en sécurisant leurs moyens de subsistance pour l'avenir.
Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le cadre de l'Initiative CGIAR Élevage et Climat (L&C) et des Programmes Scientifiques CGIAR Paysages Multifonctionnels (MFL) et Aliments Durables Animaux et Aquatiques (SAAF). Nous remercions tous les donateurs qui soutiennent globalement notre travail par leurs contributions au Système CGIAR. Les opinions exprimées dans ce document ne peuvent pas être considérées comme les vues officielles de ces organisations.