Bénin : Une alliance entre science et politique contre le changement climatique
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Le Bénin, un pays d'Afrique de l'Ouest bordé par l'océan Atlantique, fait face à de grands défis climatiques qui menacent son développement socio-économique. Les effets du changement climatique se manifestent par une augmentation des températures moyennes, une variabilité accrue des précipitations et une fréquence plus élevée d'événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations. Ces phénomènes ont des répercussions directes sur l'agriculture, pilier de l'économie béninoise, employant près de 70 % de la population active.
L’irrégularité des saisons des pluies perturbe le calendrier agricole, entraînant une baisse des rendements. Les populations rurales vulnérables subissent de plein fouet ces changements, aggravant ainsi l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Les zones côtières sont menacées par l'érosion et l'élévation du niveau de la mer, mettant en danger les infrastructures, le secteur industriel, les habitats et les moyens de subsistance des communautés locales.
Face à cette situation alarmante, le Bénin doit rapidement mettre en œuvre des stratégies d'adaptation efficaces. L'intégration des connaissances scientifiques dans les politiques publiques est essentielle pour développer des solutions innovantes et durables. Dans ce contexte, le Bénin cherche à renforcer le dialogue entre la science et la politique afin d'anticiper et de mieux atténuer les effets du changement climatique.

L'émergence d'un cadre de dialogue
Les 30 et 31 octobre 2024, l'Hôtel NOBILA à Cotonou a accueilli un événement majeur pour l'avenir de l'environnement au Bénin. Un atelier inédit, organisé par l'INRAB en partenariat avec l'Alliance, a réuni 31 participant.e.s aux profils variés. Parmi eux figuraient des représentant.e.s du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche (MAEP), du Ministère du Cadre de Vie et des Transports en charge du Développement Durable (MCVT), de la Direction Générale de l'Environnement et du Climat (DGEC), des organisations de la société civile telles que le PASCIB et le PNOPPA, ainsi que des acteurs et actrices du secteur privé.
L’objectif de cet atelier était d’établir un cadre national de dialogue entre la science et les politiques publiques afin de renforcer la résilience face aux changements climatiques, ainsi que la sécurité agricole, alimentaire et nutritionnelle. Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet « Technologies et Innovations Agricoles pour Accroître la Résilience des Systèmes de Production » (TARSPro), financé par la Coopération Suisse au Développement (SDC) et mis en œuvre par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les discussions ont mis en lumière la nécessité d’une collaboration étroite entre la science et les politiques publiques. Les chercheur.e.s ont partagé leurs connaissances et leurs résultats, tandis que les décideur.euse.s ont apporté leur compréhension des processus décisionnels et des politiques publiques. Les représentant.e.s de la société civile et du secteur privé ont également contribué en partageant les préoccupations des communautés locales et en proposant des solutions pratiques. Cet atelier a jeté les bases d’un dialogue constructif pour faire face aux défis climatiques auxquels le pays est confronté.
Cinq actions clés pour unir la science et la politique
Pour concrétiser ce cadre de dialogue et garantir une collaboration efficace entre toutes les parties prenantes, les participant.e.s à l'atelier ont identifié cinq actions prioritaires :
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Cartographier les acteur.rice.s et créer une plateforme collaborative
Identifier et regrouper tou.te.s les acteur.rice.s impliqué.e.s dans l'action contre le changement climatique, l'agriculture et la nutrition est essentiel. L'établissement d'une plateforme facilitera la coordination, la collaboration et l'échange d'informations parmi ces acteur.rice.s. Cette initiative s'aligne avec les objectifs de l'Alliance de renforcer les systèmes alimentaires durables à travers une collaboration multi-acteur.rice.s. -
Synthétiser les résultats de recherche
Les connaissances scientifiques doivent être rendues accessibles et compréhensibles pour les décideur.euse.s. Cela implique de traduire les résultats de recherche en informations claires et actionnables, adaptées aux besoins des décideur.euse.s. L'Alliance s'engage à rendre la science plus accessible pour influencer positivement les politiques et les pratiques. -
Développer des fiches techniques décisionnelles
La création de documents récapitulatifs permettra aux décideur.euse.s de comprendre rapidement les enjeux et de prendre des décisions éclairées. Ces fiches techniques serviront de guides pratiques pour l'élaboration de politiques efficaces, alignées avec l'objectif de l'Alliance de fournir des outils pour une prise de décision informée. -
Organiser des sessions de consultation thématiques
Des discussions régulières sur des thèmes clés amélioreront la compréhension mutuelle des problématiques et renforceront la collaboration entre différents acteur.rice.s. Ces sessions aborderont des sujets spécifiques et chercheront des solutions communes, conformément à l'approche participative préconisée par l'Alliance.

Vers un avenir durable : Une feuille de route ambitieuse
À la fin de l'atelier, une vision claire pour l'avenir a été définie. La vision pour 2060 est ambitieuse : faire de cette plateforme un outil clé pour influencer positivement les politiques publiques et privées sur l'action contre le changement climatique et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. En renforçant les liens entre la recherche scientifique et les décisions politiques, le Bénin se positionne pour atténuer et s'adapter proactivement aux effets du changement climatique.
La plateforme de dialogue "science-politique" sera officiellement lancée en février 2025, après la validation du rapport de l'atelier et l'achèvement des tâches nécessaires à son opérationnalisation. Cette plateforme sera formalisée par un décret interministériel, renforçant ainsi son ancrage institutionnel et son efficacité à long terme. La structure de gouvernance proposée implique une coordination entre les institutions de recherche, les ministères clés tels que le MAEP et le MCVT, et les organisations de la société civile telles que PASCIB et PNOPPA. L'INRAB présidera la plateforme, avec la DGEC agissant en tant que secrétariat. Les partenaires techniques et financiers, y compris la SDC, le CORAF et l'Alliance, continueront de soutenir activement cette initiative.
Cette initiative s'aligne parfaitement avec les objectifs de l'Alliance d'utiliser la science pour le développement durable, transformant les systèmes alimentaires pour améliorer la vie des populations rurales. En collaborant étroitement avec des partenaires locaux et régionaux, l'Alliance contribue à créer des solutions adaptées aux réalités du terrain, renforçant ainsi la résilience des communautés face aux défis climatiques.
Cette étape majeure reflète la détermination du Bénin à transformer les défis climatiques en opportunités pour un développement durable grâce à une collaboration étroite entre la science et la politique. Elle illustre également l'engagement de l'Alliance à soutenir les initiatives locales et nationales ayant un impact mondial sur la sécurité alimentaire et la durabilité environnementale.