Des satellites au sol : transformer les alertes à la sécheresse en actions dans les zones arides d'Éthiopie
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Lors de la Vitrine de l'Innovation : Promouvoir la Résilience des Zones Arides pendant la Semaine Scientifique du CGIAR à Nairobi, le Dr Sintayehu Alemayehu a présenté comment un système alimenté par satellite aide les pasteur.e.s éthiopien.ne.s à gérer les épisodes de sécheresse et à protéger leurs moyens de subsistance.
Lors de la Semaine Scientifique du CGIAR à Nairobi, les histoires d’innovation ont animé les salles, mais certaines des plus marquantes venaient des endroits les plus reculés.
Prenant la parole lors de la vitrine « Promouvoir la Résilience des Zones Arides », le Dr Sintayehu Alemayehu a partagé une révolution silencieuse en cours dans les basses terres d'Éthiopie. Il ne s'agissait pas de nouveaux gadgets ou d'applications sophistiquées, mais de quelque chose de beaucoup plus pratique : un dispositif qui aide les communautés pastorales à savoir quand se déplacer, quand se préparer et comment éviter le pire des effets du changement climatique qui s'intensifient.
Cet outil est un système de surveillance, de prévision et d'alerte précoce de l’eau et des pâturages. Mais, comme l’a expliqué Sintayehu, ce n’est pas simplement un système. C’est un véritable pont entre les avancées scientifiques et les réalités vécues sur le terrain.

Sintayehu Alemayehu
Project LeaderDéveloppé grâce à une collaboration étroite avec des institutions nationales telles que le Ministère de l’Agriculture d’Éthiopie et l’Institut Éthiopien de Recherche Agricole (EIAR), le système intègre des données satellitaires en temps réel avec des prévisions saisonnières et des observations locales de terrain. Il suit l'évolution des points d’eau et des zones de pâturage dans les régions arides d’Éthiopie, en prédisant leurs changements dans les jours, les semaines et les mois à venir. Mais sa véritable force réside dans la manière dont l'information est diffusée : non pas enfouie dans des rapports ou des tableaux de bord, mais partagée via des messages SMS, la radio FM, des sites web et même des centres d’information communautaires gérés localement.
« Pour de nombreux.euses pasteur.e.s, en particulier dans les zones reculées, les systèmes d’alerte précoce restent souvent inaccessibles », a expliqué Sintayehu à l’auditoire. « Nous essayons de changer cela en rendant l'information climatique non seulement disponible, mais véritablement utile. »
Le système a été conçu non seulement pour les pasteur.e.s, mais avec leur participation directe. À travers des plateformes telles que les Communautés de Pratique Pastorales (PCoPs), les voix locales ont déterminé quel type d'information était le plus nécessaire, quand elle devait être transmise et comment elle devait être communiquée. Ce qui en est ressorti est un exemple vivant de conception centrée sur les utilisateur.rice.s, où la science climatique rencontre les savoirs autochtones, et où la confiance se construit non pas uniquement par la technologie, mais grâce à un engagement constant et respectueux.
Comme l'a exprimé Sintayehu :
« En tant que personne née dans le Sud global, formée en Occident, et désormais engagée aux côtés des communautés locales, je considère mon rôle comme un pont entre la science et les savoirs autochtones pour stimuler l'innovation, répondre aux impacts climatiques et construire une relation de confiance entre traditions et technologies. »
Les impacts se font déjà sentir.
Dans des localités comme Haro Bakee, les autorités locales utilisent le système pour planifier l’acheminement de l’eau avant que les pénuries ne surviennent. Les éleveur.euse.s reçoivent des alertes leur permettant de décider du moment opportun pour déplacer leurs troupeaux afin d’éviter les zones de pâturage dégradées et les pénuries d’eau. En aidant à anticiper les points de tension, le système contribue également à réduire les conflits liés aux ressources, un enjeu de plus en plus urgent dans des régions où la sécheresse attise souvent les tensions.
Mais le travail ne s'arrête pas là.
Face à l'intensification des extrêmes climatiques, la plateforme est connectée à des solutions de plus long terme : des mesures d’adaptation fondées sur les écosystèmes, comme la restauration des parcours pastoraux, ainsi qu'à des opportunités émergentes dans le financement climatique, incluant les paiements pour services écosystémiques et les crédits carbone.
Ce qui était autrefois une approche fragmentée de la gestion des ressources des zones arides est en train de devenir une stratégie coordonnée et fondée sur les données pour renforcer la résilience.
Pendant la Semaine Scientifique du CGIAR, au milieu de présentations sur les modèles globaux et les innovations technologiques, cette initiative a retenu l'attention par son humilité et son ancrage dans le réel.
Elle a montré que l’innovation ne signifie pas toujours inventer quelque chose de nouveau. Parfois, cela signifie écouter autrement. Concevoir autrement. Agir plus tôt. Et pour les communautés affrontant les dures réalités des zones arides, cette différence peut tout changer.
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