Intégration des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et des Stratégies et Plans d’Action Nationaux pour la Biodiversité (SPANB) à travers l’approche nexus Eau, Énergie, Alimentation et Écosystèmes (WEFE)
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Alors que la Conférence des Nations unies sur la biodiversité s’achève et que la Conférence des Nations unies sur le changement climatique débute, une nouvelle note d’information appelle à l’intégration et à l’harmonisation des cadres politiques pour lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité.
Par Tafadzwanashe Mabhaudhi (Centre on Climate Change and Planetary Health, London School of Hygiene and Tropical Medicine, United Nations University Institute for Water, Environment and Health) et Marlène Elias (Alliance of Bioversity International et CIAT).
Le bien-être humain et environnemental est confronté à des défis sans précédent en raison des crises interdépendantes du changement climatique et de la perte de biodiversité. Une nouvelle note d’information appelle à intégrer les cadres politiques et à coordonner les efforts pour lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité à travers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Élaborées dans le cadre de la CCNUCC, les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) sont des documents politiques dynamiques et évolutifs qui décrivent les engagements des pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et s'adapter aux impacts du changement climatique, en conformité avec l’Accord de Paris. Dans le cadre de la CDB, les Stratégies et Plans d’Action Nationaux pour la Biodiversité (SPANB) définissent les plans des pays pour conserver et utiliser durablement la biodiversité et partager équitablement les bénéfices des ressources génétiques, conformément au Cadre Mondial de la Biodiversité de Kunming-Montréal (CMB-KM). Ces deux instruments politiques visent des objectifs environnementaux et reconnaissent chacun l’interconnexion entre ces deux enjeux : par exemple, l'Accord de Paris souligne l'importance de « l'intégrité des écosystèmes » pour l'action climatique, tandis que le CMB-KM met en avant l'« action climatique » comme un élément clé de la protection de la biodiversité.
Cependant, l’efficacité et l’impact des CDN et des SPANB sont limités, en partie parce qu’ils sont mis en œuvre de manière cloisonnée. Une mise en œuvre fragmentée et non coordonnée ne tient pas compte des interconnexions et manque des opportunités de résultats synergiques. Cela conduit à une duplication des efforts, des inefficacités, voire des résultats contradictoires qui compromettent les objectifs de durabilité.

Catalyser les synergies
Plusieurs opportunités existent pour intégrer les CDN et les SPANB. Ces deux cadres traitent des défis environnementaux causés par des moteurs de changement communs, qu’ils soient directs (espèces invasives, exploitation des ressources, pollution, changement d’utilisation des terres et des mers) ou indirects (institutions, fluctuations économiques, démographie humaine, technologie, gouvernance, moteurs socioculturels). De plus, le changement climatique et la perte de biodiversité, ainsi que leurs impacts, transcendent les frontières sectorielles, détériorent la santé planétaire et génèrent des insécurités multiples (eau, énergie, alimentation, etc.).
Dans de nombreux pays, les processus de planification et de supervision des CDN et des SPANB présentent des similitudes. Contrairement à la gestion de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation (souvent répartie entre différents ministères), les CDN et les SPANB sont généralement dirigés par un seul ministère gouvernemental, comme celui de l’environnement. Cette convergence offre une base idéale pour intégrer ces cadres en rationalisant leur mise en œuvre, leurs réunions et leurs rapports. La définition de cibles, méthodologies, indicateurs, métriques, mesures, données, modèles et scénarios interopérables faciliterait cette intégration. Des pays comme le Costa Rica, le Mexique, l’Inde et l’Afrique du Sud démontrent que cela est possible et fournissent des leçons à suivre pour d’autres nations.
Étant donné que les CDN incluent des mesures d’adaptation biotique au changement climatique, leurs synergies avec les SPANB peuvent être renforcées pour permettre une action simultanée en matière de climat (adaptation, atténuation) et de biodiversité (conservation, restauration) grâce à des solutions telles que l’adaptation basée sur les écosystèmes (par exemple, reforestation, afforestation, restauration des zones humides) et les solutions fondées sur la nature. D’autres approches prometteuses pour atteindre les objectifs climatiques et de biodiversité incluent l’agroécologie et les énergies renouvelables.

Une approche d'intégration du nexus eau, énergie, alimentation et écosystèmes (WEFE)
Le nouveau rapport met en lumière le potentiel d’une approche nexus EEAE (Eau-Énergie-Alimentation-Écosystèmes) qui met l’accent sur les interconnexions entre ces éléments et sur la compréhension des compromis et des synergies pour intégrer les CDN et les SPANB. En s’appuyant sur plusieurs exemples de dégradations environnementales causées par l’humain (notamment l’assèchement de la mer d’Aral, la quasi-extinction du dauphin de l’Indus, ainsi que la déforestation en Amazonie et en Zambie), il montre que la coordination et la mise en œuvre basées sur le nexus peuvent aboutir à des actions climatiques et de biodiversité mutuellement bénéfiques.
L’approche nexus EEAE fournit un cadre holistique pour harmoniser et renforcer la cohérence des CDN et des SPANB, tout en les intégrant dans des cadres plus larges de développement socio-économique et durable, incluant les politiques liées à l’eau, à l’énergie et à l’alimentation. Cette approche pourrait attirer les financements et le soutien politique nécessaires, promouvoir une allocation optimale des ressources et permettre la réalisation simultanée d’objectifs environnementaux similaires ou interconnectés. Les conditions favorables à ce changement paradigmatique comprennent la mise en place de plateformes multipartites pour la gouvernance des données, une communauté de pratique mondiale, le renforcement des capacités, des collaborations régionales, des financements et des mécanismes intégrés pour la planification, le suivi, l’évaluation, l’apprentissage et l’évaluation des impacts.
Ce blog a été élaboré dans le cadre de l’Initiative CGIAR sur NEXUS Gains, avec le soutien des donateurs du Fonds fiduciaire du CGIAR.
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