Blog Siaya, Kenya : Briser les barrières de l'arboriculture

Siaya,kenya Breaking the Barriers of Trees Farming

Pour restaurer la biodiversité perdue et augmenter la couverture arborée au Kenya, l'Alliance de Bioversity International et du CIAT - en partenariat avec l'UICN et avec un soutien financier du FEM - a lancé le projet Mon Arbre à la Ferme en 2022. Mis en œuvre dans les comtés de Siaya, Turkana et Laikipia, le projet est désormais également actif au Cameroun.

Par : Rachel Kibui et Francis Oduor

Le comté de Siaya, situé dans la région de Nyanza au Kenya, est renommé pour son importance historique et politique, son riche patrimoine culturel et ses paysages naturels époustouflants. Le comté bénéficie d'un climat tropical caractérisé par deux saisons des pluies : les grandes pluies de mars à juin et les petites pluies d'octobre à novembre. Les précipitations annuelles varient entre 1 200 et 1 800 mm, soutenant une végétation luxuriante et rendant la région idéale pour la culture des cultures.

Les températures dans le comté de Siaya restent relativement constantes tout au long de l'année, avec des températures maximales moyennes allant de 26°C à 31°C. La zone présente des niveaux d'humidité élevés, particulièrement pendant les saisons des pluies. Ces conditions climatiques profitent à l'agriculture et offrent également une opportunité prometteuse pour augmenter la couverture arborée du comté.

À l'époque coloniale, une figure notable qui a promu la plantation d'arbres dans le comté de Siaya était le Chef Odera Akang’o. Leader communautaire respecté, le Chef Akang’o prônait la plantation d'arbres pour lutter contre la dégradation environnementale et améliorer la fertilité des sols dans la région. Il encourageait les résidents de Siaya à planter des arbres pour l'ombrage, le bois de chauffage et pour prévenir l'érosion des sols. Les efforts du Chef Akang’o visaient à atteindre des pratiques d'utilisation durable des terres et à protéger l'environnement pour les générations futures.

Malgré son climat favorable et les efforts du Chef Akang’o, le comté de Siaya possède une faible couverture forestière, se classant dernier parmi les 47 comtés du Kenya avec seulement 0,23 %. Il est seulement devant trois autres comtés en termes de couverture forestière, se classant 44e à 5,23 %. Étant donné la nécessité croissante de lutter contre le changement climatique, le climat favorable du comté doit être considéré comme une opportunité significative pour restaurer les forêts et augmenter la couverture arborée dans le comté de Siaya.

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Surmonter les difficultés de l'arboriculture

Selon les expert.e.s, l'un des problèmes qui a compromis la couverture forestière et arborée est le fait que la région ne possède pas de forêts classées, mais seulement des collines classées. Ainsi, bien que l'intégration de l'arboriculture et de l'agriculture serait idéale, cette pratique a rencontré des obstacles. « Premièrement, les communautés ne considèrent pas la culture des arbres comme une entreprise lucrative. Certains mythes et croyances découragent la plantation d'arbres. Par exemple, certaines personnes croient que la culture de l'arbre terminalia mentalis attire la mort », explique Judy Ogeche, scientifique de l'Institut de Recherche Forestière du Kenya (KEFRI). Un autre défi est l'inégalité de genre dans la propriété foncière, les hommes possédant la plupart des terres disponibles, et les femmes - certaines d'entre elles pouvant être intéressées par la restauration de la couverture arborée - ayant rarement des droits de décision.

Pour augmenter la couverture arborée et restaurer la diversité, l'Alliance Bioversité International et le CIAT - en partenariat avec l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et avec un soutien financier du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) - ont lancé le projet Mon Arbre à la Ferme en 2022. Selon Judy Ogeche du KEFRI, « le projet Mon Arbre à la Ferme a motivé les communautés de Siaya à planter des arbres en fournissant des plants et une incitation économique pour les arbres qui survivent ». Déjà, plus de 50 000 plants ont été plantés dans le comté. Pour fournir les bons plants, le projet collabore avec l'Institut de Recherche Forestière du Kenya (KEFRI), les Services Forestiers du Kenya (KFS) et des opérateurs de pépinières privées dans les comtés respectifs.

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Agriculteur.rice.s et opérateur.rice.s de pépinières enregistré.e.s sur l'application mobile

Dans le cadre du projet Mon Arbre à la Ferme, les agriculteur.rice.s participant.e.s sont enregistré.e.s sur l'application MyGeo Farm qui leur permet de surveiller les plants depuis la plantation jusqu'à la croissance. Via l'application, les agriculteur.rice.s peuvent suivre et signaler les progrès. « Depuis le déploiement du projet, plus de 1 300 agriculteur.rice.s ont été enregistré.e.s sur l'application MyGeo Tree et plus de 100 000 plants ont été plantés dans les trois comtés », déclare Francis Oduor, le coordonnateur national du projet. Le projet est particulièrement intéressé par l'utilisation d'arbres indigènes pour la restauration des paysages, qui sont natifs de zones spécifiques et pour améliorer la diversité génétique. Pour garantir l'utilisation de variétés indigènes, l'équipe du projet travaille avec le KEFRI pour fournir une assistance technique aux pépinières locales afin de soutenir la production de matériaux de plantation de qualité en offrant des formations non seulement sur leur production en pépinière, mais dès la collecte des graines les plus appropriées et diversifiées.

« Depuis que j'ai établi ma pépinière d'arbres en 2016, j'ai encouragé les agriculteur.rice.s locaux à planter des arbres, mais l'adoption a été plutôt lente, en particulier parmi les jeunes agriculteur.rice.s », dit Lawrence Ogoda, un opérateur de pépinière. Il fait partie de celles et ceux enregistré.e.s sous les applications MyGeo Tree et MyGeo Nursery, qui aident à collecter des données et suivre les progrès sur la collecte de semences, la propagation et le développement dans les pépinières. « Grâce à mon adhésion au projet Mon Arbre à la Ferme, j'ai été formé à la collecte de semences, à l'élevage de plants et à la tenue de registres », dit Ogoda.

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S'engager à cultiver des arbres en anticipant les mesures d'incitation

Jusqu'à ce qu'elle entende parler du projet Mon Arbre à la Ferme, Caroline Awuor n'avait pas vraiment prêté attention à la culture des arbres. Elle faisait partie du premier groupe de bénéficiaires enregistrés sous le projet Mon Arbre à la Ferme, recevant 110 plants de diverses espèces du centre de distribution au bureau du chef de Stoo Pamba dans son village, Ugenya. 104 des plants ont survécu et prospèrent, rapporte-t-elle fièrement. « La plupart sont des arbres fruitiers incluant des manguiers, des avocatiers et des jacquiers, tandis qu'il y a aussi quelques arbres à bois », dit-elle. Avec le soutien de sa famille, elle dit qu'elle est engagée à prendre soin des arbres, surtout en anticipation des incitations. Elle a installé des clôtures autour de tous les arbres pour les protéger du bétail, montrant son engagement à augmenter la couverture arborée. En préparation pour la prochaine distribution de plants, Caroline et son mari ont désigné une section supplémentaire de leur terre, stratégiquement située près de la rivière Nzoia, où ils prévoient de planter 1 000 autres plants.

Depuis longtemps, Morris Onyango regardait impuissant les inondations de la rivière Nzoia emporter la terre fertile de sa ferme, dégradant son terrain. Sa solution est arrivée lorsqu'il a reçu 175 plants de divers arbres qu'il a plantés le long de la berge de la rivière. « C'est un double avantage pour moi car je vais récupérer la terre, prévenir l'érosion et recevoir des incitations pour prendre soin des arbres », dit-il. Lorsqu'il recevra finalement son paiement, il ajoute qu'il prévoit d'investir dans des projets personnels qu'il avait dû laisser de côté. « Peu importe la manière dont je serai payé, tout ce que je sais, c'est que je pourrai continuer avec des projets qui ont longtemps été en suspens », dit-il.

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Un projet innovant

Joshua Schneck, le gestionnaire de portefeuille pour les programmes mondiaux au FEM (Fonds pour l'Environnement Mondial) et au Fonds Vert pour le Climat (FVC) à l'UICN, décrit Mon Arbre à la Ferme comme un projet innovant orienté vers une transformation durable. Le projet est soutenu par le FEM tandis que l'UICN a joué un rôle clé dans sa conception et sa mise en œuvre. Il souligne que l'utilisation de plants locaux a augmenté leurs chances de survie, car ils sont déjà adaptés au climat local.

L'équipe

Chris J Kettle

Principal Scientist, Lead Tree Biodiversity for Resilient Landscapes

À propos du comté de Siaya

Couvrant environ 2 530 kilomètres carrés dans l'ouest du Kenya, le comté de Siaya possède une riche histoire, culture et beauté naturelle. Le comté est divisé en six sous-comtés : Siaya, Bondo, Rarieda, Ugenya, Gem et Ugunja, chacun avec ses caractéristiques et attractions uniques.

L'agriculture est l'épine dorsale de l'économie locale du comté de Siaya. Les terres fertiles de Siaya sont idéales pour l'agriculture, et la région est connue pour sa production de maïs, de canne à sucre et une variété de légumes. La pêche est également une activité significative, en particulier dans les zones bordant le lac Victoria, fournissant des moyens de subsistance à de nombreux résidents.

Le comté de Siaya est renommé pour son patrimoine culturel, avec des danses traditionnelles, de la musique et des formes d'art célébrées comme une partie intégrante de l'identité locale. Du point de vue touristique, le site archéologique historique de Thimlich Ohinga (un site du patrimoine mondial de l'UNESCO) est un lieu incontournable pour les passionnés d'histoire. Les magnifiques paysages du comté, incluant des collines, des rivières et de la verdure, en font une destination pittoresque pour les amoureux de la nature.

Avec sa riche histoire, sa culture vibrante et ses paysages époustouflants, le comté de Siaya est véritablement un joyau à explorer.